Une double discrimination violente
ETUDE | Maï Paulus | 3 décembre 2020
L’ASPH s’est penchée sur certaines réalités interpellantes vécues par les femmes en situation de handicap.
Être femme ET en situation de handicap, c’est potentiellement subir des oppressions validistes et sexistes, entre autres. Notre société dite « validiste » est pensée par et pour des personnes valides. Elle justifie, souvent inconsciemment, des inégalités sociales, des préjugés, des discriminations et certaines formes spécifiques de violences envers ces femmes. Ces violences sont sous-estimées alors que c’est un phénomène grave avec des conséquences parfois irréversibles.
Dans cette étude, nous parlons de l’importance de l’approche intersectionnelle, entre sexisme et validisme, omniprésents autour de nous. Nous abordons aussi les différents types de violences engendrées par ces systèmes d’oppression et exercées par l’entourage, les professionnels et la société en général à l’égard des femmes en situation de handicap. Nous détaillons également les nombreux obstacles qu’elles rencontrent face à la dénonciation de ces violences et proposons certaines pistes de solutions.
Quelques chiffres interpellants
Dans le monde, 1 femme sur 3 dans le monde subit des violences physiques ou sexuelles, le plus souvent par le partenaire intime.
Parmi elles, les femmes en situation de handicap sont 4 fois plus exposées aux violences sexuelles que leurs homologues valides.
8 femmes sur 10 hébergées en institution sont exposées à des violences provenant des personnes qui les entourent (familles, soignants, autres personnes en situation de handicap)
Nos revendications
À l’ASPH, nous avons quelques idées pour lutter contre le constat de double discrimination lié au validisme et au sexisme.
D’abord, opérer un changement de point de vue :
- Se rendre compte des normes validistes et sexistes que la société véhicule
- Comprendre que ce n’est pas le handicap qui rend une personne vulnérable (financièrement, psychologiquement ou socialement). C’est le manque d’accessibilité, d’exercice des droits, d’information et de soutien qui renforce cette vulnérabilité.
- Favoriser la convergence des combats et des luttes,
- Favoriser les approches intersectionnelles dans les domaines politique, de la recherche,
- Rien sur nous sans nous,
- Augmenter l’accessibilité à l’information et aux infrastructures
- Former et sensibiliser les professionnels et professionnelles de la santé à ces violences spécifiques, notamment dans l’axe préventif, avec une meilleure écoute et prise en charge.
- Former et sensibiliser (entre autres) le corps de police aux différents types de handicap.
- Sensibiliser les femmes et les filles en situation de handicap à la reconnaissance des violences et développer les groupes de parole pour leur permettre de s’exprimer.
- Le handicap reste un impensé politique : veiller à un engagement politique fort face aux violences faites aux femmes
- Favoriser la recherche sur les discriminations et les violences faites aux femmes en situation de handicap en Belgique
Vidéo « Femmes et Handicap : discriminations et oppressions »
Vidéo « Femmes et Handicap : le regard de la société »
Contacter l’autrice de l’étude :
Maï Paulus – 02 515 02 69 – mai.paulus@solidaris.be